Une femme s'est fixé la date anniversaire de son existence : celle de la mort de son fils. Magnifiquement inconsolable. Mais il y a des ruses, même dans le sublime. Ses enfants la surnomment mater dolorosa. Depuis la mort de son fils aîné, le deuil lui est dû comme le droit fondateur de son existence. Elle est la femme en deuil. Tout doit s'ordonner autour du jour à jamais fixé. Tout se concentre autour de la chambre au fond du couloir, là où elle a trouvé son fils mort, à son piano - l'insaisissable, touchant et tempétueux adolescent.
Cela, le lecteur de ce premier roman d'Anne Godard ne le sait pas tout de suite. Le récit commence, en effet, par l'attente. La femme est seule. Les enfants ne vivent plus à la maison, le mari - un musicien manqué - a changé de vie. Elle attend le coup de téléphone. Elle attend les signes de compassion qu'elle exige de ses proches, selon des procédures complexes, puisqu'il ne faut pas que cela ressemble à de la compassion.
Premier roman.